{ PRESENTATION DU RECUEIL }
Entre peurs irrationnelles et réalité, enivrant pour les uns ou insupportable pour les autres, le vertige est un phénomène à part. Mais, nichés dans ces ambigüités, les vertiges suscitent-ils des sensations et significations communes à nous tous ? Enthousiaste face à cette question, DuB éditions a proposé à une multitude d’auteurs en herbe de raconter leur vision du vertige. En bout de course, ce sont six nouvelles, brillantes et évocatrices, qui ont percé le cœur et l’esprit du jury. S’il demeure impossible d’affirmer l’existence d’une essence commune à toutes les sensations vertigineuses, la diversité des propositions laisse envisager la richesse et la complexité des émotions que le vertige inspire à chacun d’entre nous.
Des habitudes de la vodka à Alice au pays des merveilles, des relations sociales aux trips psychotropiques, nous vous livrons ici, drôle ou tragique, le meilleur des crus nés au sein des hauteurs.
Sortie le 5 novembre 2015
ISBN : 978-2-35371-885-6
Rayon : Nouvelles
Format : 11,5x21 cm
Prix : 15 euros
150 pages
En vente ici
{ PRESENTATION DES AUTEURS }
Anthony Fauré est un lyonnais de 29 ans, admirateur d’Orwell et Matheson,
Clémence Bergerot est une lycéenne bordelaise férue de littérature slave,
Mathias Daval est auteur, journaliste et consultant en contenus éditoriaux. Il est également musicien et membre du groupe Dazie Mae (www.mathiasdaval.com),
Stéphanie Marius a été professeur de lettres avant de se consacrer au journalisme et à l’écriture. Elle réside à Paris,
Mattia Scrapulla est italien, installé au Canada, il est docteur en art et s’est spécialisé dans la danse, sujet pour lequel il a publié de nombreux articles. Sa nouvelle, La plage, a bénéficié du soutien de la mesure Première Ovation Arts Littéraires offerte par l’Institut Canadien de Québec,
Thibaud Marijn habite Paris et a dirigé de nombreux projets d’études sociales en France et à l’étranger. Il est également concepteur-rédacteur.
{ CRITIQUE DU RECUEUIL PAR ERIC ANGLADE }
Vertiges. C’est le thème original de ce recueil, pour lequel six auteurs ont développé une étonnante variété de tons et d’approches :
Dans l’univers de Dé-construire l’oiseau blanc (quelque part entre Orwell et Philip K. Dick), on court le risque d’être « magnéfigé », « géocapturé », voire « écodamné ». Pour échapper à la douce tyrannie de l’écocratie, le protagoniste est à la recherche d’une mystérieuse substance permettant « d’aller voir ce qui se trouve derrière le rideau de la vie ». Mais avec elle, Anthony Fauré pourrait bien nous entraîner plus loin qu’on n’aurait cru : jusqu’au vertige métanarratif de la création verbale et littéraire…
Avec Clémence Bergerot, changement de décor : nous voici au cœur d’un conte russe moderne. Ce sont les vertiges qui mènent à l’alcool et non l’inverse : telle est la thèse qu’avance un des personnages d’Absolut et qu’illustre de son récit son compagnon d’ivresse. Récit où se mêlent les vertiges de l’amour et de la danse jusqu’à la perte d’équilibre, jusqu’à la chute de cette nouvelle à l’atmosphère particulièrement bien rendue.
Vertige de l’imaginaire dans De l’autre côté du miroir. Mathias Daval revisite Lewis Carroll avec une Alice irrévérencieuse à souhait qui malmène gentiment (« tu veux ma photo, l’albinos ? ») un lapin blanc fier d’avoir eu « sa Rolex avant quarante ans » ! Il y a un peu de la Zazie de Queneau dans cette recréation réjouissante et pleine de fantaisie.
Dans L’homme-grenouille, Thibaud Marijn relate avec humour et tendresse la rencontre touchante de deux solitudes. Mais l’humour noir n’est jamais très loin, surtout lorsque les préjugés sociaux menacent de refaire surface. Car avec eux les malentendus anodins peuvent avoir des conséquences … vertigineuses.
Passes : « Dans la tour, trentième étage. La masturbation comme nouveau fordisme. » Le ton est donné. À la fois suggestive et déroutante, la prose très aboutie de Stéphanie Marius nous désoriente et nous perd dans un labyrinthe vertical d’extases solitaires.
La plage, enfin, est une sorte de montagne russe d’émotions : du vertige du désœuvrement à la sensualité des corps le temps d’une baignade, du désir de communion à la solitude des êtres perdus dans une fête foraine. D’une écriture toute en sensations, comme en apesanteur, Mattia Scarpulla suggère le malaise de personnages qui semblent vouloir combler l’ennui d’un temps vacant ; fût-ce au prix de l’accident ?
Un véritable kaléidoscope d’émotions donc, pour ce recueil qui sait sans cesse, et ce n’est pas pour moi la moindre de ses qualités, déjouer avec brio les attentes du lecteur.
VERTIGES / BERGEROT – DAVAL – FAURE – MARIJN – MARIUS- SCARPULLA
- Categories →
- Roman