{ PRESENTATION DE L’OUVRAGE }

     Il s’appelle Fulbert. Il est rentier, asocial et complexé par la sonorité du patronyme dont l’a étrangement affublé sa mère, pianiste virtuose. Il se sent aussi très seul et déteste les vieilles peaux. Peut-être parce que sa mère n’a pas eu l’occasion d’en devenir une. Elle est décédée un matin – il avait dix ans – juste après l’éclosion d’un perce-neige, une brève coupure d’électricité et la toilette matinale de son père. Depuis, Fulbert affiche une véritable passion pour les fleurs, qui fanent, sèchent. Que l’on peut garder près de soi toute une vie. Il voudra bientôt faire profiter l’humanité de cette qualité florale, quel qu’en soit le prix.
     Autour de lui gravitent également un chien juif circoncis prénommé Rabbin, une sirène amatrice de parties de pêche à la canne à strophes, un steward cannibale, un Blobfish inutile, un porc populiste et une girafe complexée.

{ PREMIERES LIGNES }

La vieille a approché ses immenses lunettes de la fenêtre de mon magasin. Tout près. Trop. L’espace d’une seconde, j’ai cru qu’elle allait pas s’arrêter à temps. Mon sang s’est figé. Ses verres étaient énormes. Non, gigantesques. Et si épais qu’ils auraient à coup sûr rendu la vue à un aveugle. Mais sur son nez, c’était du gâchis. Elle avait pas l’air d’y voir mieux. En plus, ça lui dessinait d’affreux yeux de mouches. Saillants. Deux globes sombres qui lui dévoraient le front et les joues.
Avec des lunettes pareilles, la vieille aurait pu terroriser n’importe qui. Assommer n’importe qui, aussi. Ou simplement briser la vitrine d’un honnête commerçant.
Heureusement pour moi, elle contrôlait encore ses mouvements. Ce jour-là, elle s’est contentée de coller son vieux nez humide contre l’affiche que je venais de placarder, puis a plissé les yeux pour stimuler ses pupilles ridées.

 

Sortie le 17 janvier 2013

ISBN : 978-2-35371-296-0
Rayon : Littérature Format : 11,5x21 cm
Prix : 12 euros
144 pages

Couverture : Teint porcelaine par Laura Durandeux

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{ LECTURE DU PREMIER CHAPITRE }

{ SIGNATURES }

Elodie Soury-Lavergne sera présente :

lundi 3 juin, 19h

samedi 25 mai, 15h à 19h : dédicaces Furet de Lens
samedi 1er : juin, 15h à 19h : dédicaces Furet de Valenciennes

samedi 18 mai, 10h à 12h : présentation du roman à la bibliothèque de Valenciennes, dans des Petits déj’ Littéraires

 

Salon du livre – Bondues Métropole

 

 

Salon du livre – Marly

 

{ ENTRETIEN : rencontre d’une jeune auteure avec son ancienne université }

Inforum : Élodie, vous êtes une jeune romancière, et vous sortez votre premier roman « Les cadavres en Fleurs » chez DUB editions, le 17janvier 2013. Pouvez-vous nous le présenter ?

Elodie Soury-Lavergne : C’est l’histoire d’un homme qui s’appelle Fulbert Roty et qui s’enfonce lentement dans la folie. Il est rentier, asocial et complexé par la sonorité du patronyme dont l’a affublé sa mère, une pianiste virtuose. Il déteste aussi les vieilles peaux. Peut-être parce que sa mère n’a pas eu l’occasion d’en devenir une. Elle est décédée un matin, juste après l’éclosion d’un perce-neige, une brève coupure d’électricité et la toilette matinale de son père. Depuis, Fulbert affiche une véritable passion pour les fleurs, qui fanent, sèchent. Que l’on peut garder près de soi toute une vie. Et il voudra bientôt faire profiter l’humanité de cette qualité florale, quel qu’en soit le prix. On retrouve également dans le roman un chien juif circoncis prénommé Rabbin, une sirène amatrice de parties de pêche à la canne à strophes, un steward cannibale, un Blobfish inutile, un porc populiste et une girafe complexée.

Inforum : Comment vous sentez-vous quelques jours avant la sortie de votre premier roman ?

Elodie Soury-Lavergne : Stressée. Euphorique. Je suis incapable de dire lequel de ces états dominent l’autre. Ce premier roman est la concrétisation d’un rêve d’enfant : à l’âge de six ans, j’hésitais entre devenir poète ou écrivain. C’est donc merveilleux de pouvoir tenir ce livre entre mes mains aujourd’hui. Mais il y aussi cette peur tenace de l’inconnu et celle d’être déçue : les rêves d’enfant sont exigeants …

Inforum : D’où tirez-vous votre inspiration ? (on rappelle que vous avez écrit, L’œuvre de la pierre, nouvelle du recueil « L’idiot du village : et autres nouvelles », prix du jeune écrivain 2011, l’histoire du femme enterrée vivante et qui veut sauver ce qui peut l’être encore…)

Elodie Soury-Lavergne : De mes émotions, je pense. Ce qui me donne envie d’écrire, c’est ce que je ressens en écoutant une musique, en regardant un film, en lisant un livre… Bien sûr, il peut aussi s’agir d’émotions liées à des situations vécues : c’est d’ailleurs le cas pour ce roman. En tout cas, tout naît d’une émotion et mon travail d’écriture consiste à bâtir une histoire pour faire vivre cette émotion, la partager.

Inforum : Comment devient-on jeune romancier de nos jours ? Un parcours du combattant ?

Elodie Soury-Lavergne : C’est vrai que ce n’est pas toujours facile mais je n’irai pas jusqu’à dire parcours du combattant. C’est plutôt un parcours de patience et surtout de travail. On devient jeune romancier en lisant et en écrivant beaucoup. Peut-être y a-t-il une part de chance aussi : envoyer son texte au bon moment, au bon éditeur…

Inforum : Si vous deviez donner quelques conseils aux étudiants qui souhaitent un jour, devenir comme vous jeune romancier ?

Elodie Soury-Lavergne : L’écriture est une démarche très personnelle. Je ne donnerai donc que des conseils d’ordre pratique. Lire beaucoup, encore une fois. Ne jamais abandonner… S’entourer de personnes partageant la même passion. Confronter ses textes au regard de lecteurs : famille, professeurs et amis, dans un premier temps. Pour ceux qui pratiquent la nouvelle, le Prix du Jeune Ecrivain est une aide précieuse : quel que soit le résultat du concours, vous recevez une fiche de lecture sur votre texte.

Inforum : Vous êtes une ancienne étudiante de Lille 3. Pouvez vous nous rappeler votre parcours ? Qu’en avez-vous appris, retenu ?

Elodie Soury-Lavergne : J’ai étudié les Lettres Modernes à Lille 3. Vous me demandez ce que j’ai appris, retenu. Beaucoup de choses, j’espère ! Je me souviens surtout des cours de littérature : ceux que j’ai suivis sur la littérature contemporaine ou sur les contes. A l’époque, j’étais comme un poisson dans l’eau. Les cours que je suivais nourrissaient mon écriture. A mes yeux, c’était ça le plus important.

Inforum : Une petite anecdote sur votre passage à Lille 3 ? Un souvenir ?

Elodie Soury-Lavergne : Je faisais souvent sonner le portique de la B.U., où j’ai passé de nombreuses heures. Je n’ai jamais compris pourquoi : je promets que je n’ai volé aucun livre ! Peut-être était-ce les livres cachés dans ma tête qui déclenchaient la sonnerie.

Entretien réalisé par l’équipe d’Inforum de l’université Lille 3.

{ Critique du roman parue sur madamedub.com}

Le roman, écrit à la première personne, relate la vie d’un personnage un peu particulier : Fulbert Roty. Avec un nom pareil (élément clé du récit puisque notre ami s’en plaint constamment) vous imaginez bien que le héros est légèrement tourmenté et je dirais même « bizarre » ! Comment ne pas s’interroger sur la provenance et l’attribution d’un tel patronyme, nom musical et loufoque au possible qui choque littéralement l’intéressé, qui espérait beaucoup mieux de la part d’une maman pianiste…

Il est très difficile de résumer le texte et d’en parler, car je pense que l’intrigue n’est pas l’essentiel et revêt finalement assez peu d’importance. Le récit est très aérien et je me suis vraiment laissé entrainer dans sa lecture, seul avec Fulbert, partageant son univers. Je vous invite à faire pareil !

Fulbert est un être qui vit dans sa bulle, replié dans une grande maison de province et sans ami. Il est un peu misogyne, très renfermé sur lui-même et regrette amèrement la disparition prématurée de sa virtuose de mère. Il semble, pour couronner le tout, qu’il déteste particulièrement les « vieilles peaux » et le démontrera tout le long de son histoire avec humour et férocité.
Riche (l’héritage de sa défunte mère est conséquent), il vit reclus et tente, pour la forme, de travailler mais ne parvient pas à s’insérer durablement dans la communauté de son village.
Il rencontre Cindy qu’il épouse (presque contre sa volonté, qui voudrait vivre avec un piaf ?) et se fascine progressivement pour les fleurs qui sont capables de sécher et d’être gardées à vie auprès de soi. Les aventures de Fulbert sont peuplées de personnages hauts en couleurs et de rencontres improbables.

Le ton est très léger, très agréable à lire, les chapitres sont courts et vraiment percutants, je n’ai pas vu le temps passer en me plongeant dans ce livre.
L’ouvrage décrit plus un monde légèrement mystérieux, un univers singulier et très particulier ; en effet le héros fait de drôles de rencontres et on sent que les enjeux se passent à l’intérieur de son crâne : le Stewart cannibale, le chien juif circoncis…

Si je devais conseiller l’auteur pour une transposition sur les écrans et donner des pistes aux futurs lecteurs, je penserais au tandem Caro / Jeunet qui dépeint toujours des univers bien particuliers et personnels sortis de leurs imaginations : Amélie poulain, Mics Macs à tire la rigot ou encore mieux : Délicatessen.

Vous l’aurez compris, aucun livre ne ressemble à celui-ci et je ne peux que vous encourager à entrer dans le monde, à la fois merveilleux et terrifiant, de Monsieur Roty.

TLBH

Les cadavres en fleurs / Elodie Soury-Lavergne

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