Z. Taueber
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Elodie Rassel / Zofie Taueber

Noms féminins ; étymologies improbables
Synonyme : polymorphe (artiste)
 
1. Plasticienne indépendante,
2. Chanteuse-interprète au sein du groupe électro Ben et Béné.
 
 

Plantée il y’a quelques temps déjà, elle grandit nourrie des excellents oligoéléments présents dans le terroir franco-belge, puis se laisse façonner par les rafales vivifiantes du Vent du Nord et de la télé américaine. A demi-adolescente, le talent se manifeste alors qu’elle taquine l’obturateur de l’Olympus paternel et prend en photo ses parents enlacés au zoo d’Anvers. Gage de qualité s’il en est, le cliché demeure à ce jour exposé dans le living-room familial.

Enhardie par ce premier succès, elle intègre les Beaux Arts de Tournai et rencontre ses trois muses : couleur, autoportrait et pop-kitch. Jeff Wall, Cindy Sherman puis Martin Parr finissent de la convaincre: à bas l’élégance aristocratique et fragile de l’argentique en Noir et Blanc, vivent les promesses d’un numérique criard.

Réaliste, parfois lasse, elle photographie l’envers de la carte postale et au travers zones péri-urbaines, de friches et de sous bois, matérialisant ainsi ce qui deviendra ses « non-paysages » dans lesquels se mettent en scène les personnages tout droit sortis de sa pathologique téléphagie. Adepte consommée de l’autoportrait, elle sacrifie sur l’autel de la vie par procuration et incarne, le temps d’un cliché, les mythiques héroïnes d’un cinéma qui l’enivre.

Plus tard, elle adopte le duo électro Ben et Béné. L’univers d’Elodie nourrit l’espace créatif du groupe au travers des vidéos qu’elle réalise et qui sont diffusées pendant les concerts, mais aussi de sa voix sardonique qui habille désormais les pérégrinations de Ben et Béné.

Elodie travaille désormais la transparence, décomposant en clichés fixes les images cinématographiques dont elle est imprégnée, insufflant de la fiction dans le réel, brouillant les âmes de ses sujets, animés et inanimés.

Elodie collabore au livre d’Antoine-Gaël Marquet, Indicateurs de progression urbaine, et apporte une vision singulière du roman et du concept de ville en superposant à des images glanées au fil de ses déambulations solitaires, les visages et postures de ses amis saisis dans la vivacité des fêtes et soirées qui composent également sa vie parisienne.

http://taueber.free.fr  /  www.benetbene.net

#14 illustre le recueil d’Antoine-Gaël Marquet / Indicateurs de progression urbaine

 

{ENTRETIEN}

Depuis combien de temps faites vous de la photographie et qu’est ce qui vous y a poussé ?

J’utilise un appareil photo depuis environ l’âge de 14 ans. J’ai pris mes parents en photo avec l’appareil de mon père. C’était au zoo d’Anvers, il y avait du soleil. Pour une fois, j’ai trouvé que la réalité avait son charme. Mon père m’a donné son reflex olympus OM10. J’ai continué.

Vous travaillez particulièrement la superposition d’images différentes, quel effet cherchez vous à produire en associant des images parfois très éloignées ? Comment cette approche est-elle venue ? 

Les histoires, la fiction, le roman. J’aime créer des personnages, me projeter dans des récits, je suis définitivement romanesque. J’ai réalisé un travail qui s’appelle « série télé » dans lequel j’ai associé des images en plusieurs séries. Chacune d’elle raconte des histoires. Je suis téléphage, cinéphage, consommatrice d’images. Je possédais un petit appareil qui me permettait de prendre des photos de tout, tous les jours. Avec ces images, j’ai crée mes petites fictions, une sorte de série télé de mon réel.

La superposition est venue ensuite, par l’envie de raconter mon histoire en une seule image. Un peu comme un film figé dans une seule image. J’ai eu le sentiment que la transparence, la superposition fonctionnait bien. Ca racontait une histoire visuelle assez forte et l’image n’est pas statique, elle parle.

Qu’est ce qui vous a inspiré dans le roman d’Antoine-Gaël ?

La vitesse de son écriture et puis la capacité du roman à s’éloigner, facilement et rapidement du réel.

En quoi le travail d’illustration d’un livre est-il particulier pour un artiste ?

C’est difficile et très important de ne pas tomber dans l’illustration justement. Il faut réussir à proposer quelque chose qui permette une rencontre entre les deux univers. Dans mon cas, le roman existait et on m’a demandé de créer des images. Je l’ai lu et l’univers, l’ambiance du livre m’a parlé. J’ai ouvert, du moins j’ai essayé d’ouvrir, une porte. J’ai tout de suite su que la transparence serait cohérente avec le côté ésotérique, fantasmé de la ville, de Paris selon A.G. Marquet. Les images sont venues très facilement et très rapidement.

Si vous deviez retenir une phrase du roman ?

« Les voyages souterrains nous en apprennent beaucoup sur nous-mêmes et sur la résistance de notre organisme à la laideur. »

Quelles sont vos lectures favorites ?

Les nouvelles. Je citerai, parce-que c’est ce qui me revient là maintenant : Chanson de la neige silencieuse de Hubert Selby Jr, les nouvelles de Raymond Carver, J’ai tué de Mikhaïl Boulgakov… mais il y a tellement d’autres choses que je lis et à lire.

Plutôt In ou Out ?

Out définitivement. Seul moyen de rester bon observateur des alentours.

Z. Taueber

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